Il y a d’abord eu les inondations dévastatrices qui ont emporté les maisons des habitants, entraînant des déplacements et des destructions de biens, puis les bulldozers qui ont balayé ce qui restait.
Vers la fin du mois de mars, tout au long du mois d’avril 2024 et jusqu’au début du mois de mai, le Kenya a connu des précipitations supérieures à la moyenne qui ont entraîné des inondations et des glissements de terrain. Les inondations ont fait des ravages au Kenya, causant des morts et des destructions. On rapporte qu’au moins 270 personnes sont mortes et que plus de 200 000 personnes ont été déplacées. À Nairobi, la plupart des personnes les plus touchées par les inondations vivent dans des quartiers informels, tels que Mathare, Marigoini et Mukuru. Et ce, bien que les inondations aient également touché des quartiers à hauts revenus.
Le 2 mai, le gouvernement du Kenya, par l’intermédiaire du ministère de l’intérieur et dans le cadre de sa réponse d’urgence, a publié un ordre de sécurité publique (vacances ou évacuation obligatoire). L’objectif de cet ordre était que tous les membres du public résidant dans un écosystème fragile à haut risque quittent les lieux dans les 24 heures, faute de quoi ils feraient l’objet d’une évacuation obligatoire. Par la suite, le 3 mai, le président du Kenya, dans ses remarques sur la catastrophe, a indiqué que des avis de relogement avaient été émis à l’intention de toutes les personnes vivant dans des établissements non planifiés à l’intérieur des réserves riveraines le long des rivières, des ruisseaux et autres cours d’eau, et il a chargé le ministère de l’intérieur de coordonner le relogement et l’évacuation des personnes concernées, d’identifier des sites d’hébergement temporaire pour les personnes déplacées et de superviser l’ensemble du programme d’aide. Malgré ces remarques, l’évacuation obligatoire des personnes vivant le long des cours d’eau et manifestement uniquement dans les zones d’habitat informel a été exécutée sans aucune solution de rechange, ce qui a conduit les personnes touchées à chercher refuge dans des écoles, des églises et des centres de ressources communautaires appartenant à différentes organisations, par exemple, à Mathare, le “Centre de ressources Mashimoni” a hébergé certaines des victimes. Les évacuations se sont déroulées dans des conditions inhumaines qui ont aggravé les souffrances des personnes qui devaient déjà faire face aux conséquences des inondations qui se poursuivaient et, dans certains cas, il y a eu des décès non signalés, par exemple dans la colonie de Mathare. Une victime d’expulsion raconte comment les expulsions ont aggravé sa situation, non seulement en lui faisant subir les conséquences des inondations, mais aussi en l’empêchant de se loger, en la plongeant dans le désespoir et en la privant de ses moyens de subsistance et de ses revenus. Selon eux, cette situation aurait pu être évitée si le public avait participé de manière appropriée, si le gouvernement avait réagi aux premiers avertissements des services de métrologie concernant les fortes précipitations attendues et si le gouvernement s’était efforcé de remplir son mandat en matière de droit à un logement adéquat.
Signez la pétition de Pamoja Trust pour exiger du gouvernement qu’il mette fin aux expulsions et qu’il remplisse ses obligations en matière de garantie du droit au logement.
Il est évident que les expulsions ont également été exécutées de manière sélective malgré l’ordre de toucher toutes les habitations situées le long des voies d’eau du pays. Les personnes vivant dans les quartiers informels sont donc amères à l’égard du gouvernement, qui les accuse de discrimination à l’égard des citadins pauvres et d’avoir manqué à ses promesses en matière de logement adéquat. Cela a conduit les habitants de ces quartiers, en solidarité avec les organisations travaillant dans ces communautés, à s’élever et à appeler le gouvernement à agir : en signant et en ratifiant les conventions sur les droits de l’homme, le gouvernement doit s’engager à éviter toute action qui violerait ou conduirait à une violation des droits de l’homme. Pour remédier à ces violations, les communautés demandent ce qui suit ;
- Une directive présidentielle pour les institutions responsables impliquées dans la restauration des fleuves de Nairobi afin d’entreprendre une participation publique adéquate sur le projet proposé. Il faut comprendre que les inondations auraient pu être utilisées comme une occasion d’expulser les communautés et de lancer le projet.
- Au gouvernement de fournir une approche pragmatique et des solutions pour un plan à long terme de relocalisation et de réinstallation des personnes affectées et des personnes vivant dans des “zones non planifiées”, y compris la façon dont le projet de logement abordable, y compris le projet d’amélioration des bidonvilles au Kenya (KENSUP), bénéficiera aux personnes affectées par les évacuations. Ceci est basé sur la connaissance que certaines des communautés expulsées de leurs maisons devaient bénéficier des projets en cours.
La Constitution du Kenya stipule que toute personne est égale devant la loi et a droit à une protection et à un bénéfice égaux de la loi. Par conséquent, si les rivières doivent être préservées et restaurées, ce que les communautés ne contestent pas, l’égalité de traitement entre les personnes vivant dans des zones d’habitat informel et celles vivant dans des zones à hauts revenus doit être respectée. Le gouvernement devrait agir et remplir ses obligations en matière de protection, de respect et de mise en œuvre des droits de l’homme en agissant rapidement pour atténuer les effets dévastateurs des inondations et protéger les vies et les biens.