Depuis une quinzaine d’années, les quartiers sud de
Grenoble sont au coeur d’un vaste projet de transformation urbaine. Le cours de
l’Europe se densifie, un nouveau quartier est en cours de construction à
Flaubert tandis que l’emblématique quartier populaire de la Villeneuve fait l’objet
d’une opération de rénovation urbaine. Dans leurs mise en oeuvre, ces projets
se sont confrontés à plusieurs réalités. Outre la grande crise de 2008, les habitant.e.s
de la Villeneuve ont lutté pour refuser des projets d’urbanisme imposés qui ne
correspondaient pas à leurs intérêts. Réuni.e.s au sein de l’Atelier Populaire
d’Urbanisme (APU), ils ont affirmé : “ce qui se fait pour les
habitant.e.s, sans les habitant.e.s, se fait le plus souvent contre
eux/elles”. Ils ont également élaboré un projet de transformation sociale,
écologique, économique et démocratique. Alors que plusieurs immeubles de
logements et d’équipements sont toujours menacés de démolition, les luttent
continuent !
Du 7 au 12 mars 2017, la ville de Grenoble organise
la Biennale des Villes en Transition. C’est une occasion pour décider ensemble
de l’avenir de nos quartiers. La transition ne peut pas se faire sans nous.
Disons le clairement : le quartier de la Villeneuve est déjà en Transition. Les
nombreuses expérimentations sociales, urbaines et politiques qui s’y déroulent
depuis 40 ans ont contribué à diffuser des capacités d’agir et des
apprentissages sociaux indispensables à la transition. Aujourd’hui, ces
expérimentations prennent la forme d’ateliers, d’assemblées, de séances de l’Université
Populaire, de projets de jardins partagés, d’une ouverture des établissements
scolaires à la réflexion sur la rénovation urbaine, d’ateliers de rue et de
vélo, de diffusion d’un média local, de liens avec les universités… et bien
d’autres formes encore!
Si nous partons du contexte que nous connaissons le
mieux, nous sommes conscient.e.s que la transformation urbaine de nos quartiers
est la conséquence de phénomènes plus importants. Nous en avons relevé trois :
la financiarisation, la “Smart City” et la métropolisation qui
produisent le paradigme de la “ville néolibérale”. Tout d’abord, les
villes suscitent l’intérêt de la finance et des promoteurs qui investissent
fortement dans la construction de logement. Cette spéculation immobilière et
foncière aboutit à des augmentations des loyers, aux démolitions des logements
sociaux et à l’exclusion d’une partie des habitant.e.s. Les quartiers
populaires situés dans les centres villes connaissent un phénomène de
gentrification tandis que les grands ensembles de logements sociaux situés en périphérie
subissent de vaste plan de rénovation urbaine. On constate également un nouveau
cycle de privatisation des services urbains par les promoteurs de la
“Smart City”. Par exemple, il semble que les compteurs Linky
préparent un nouveau cycle de privatisation du secteur de l’énergie et
d’utilisation des “datas” sans aucune garantie. Enfin, on se demande
si les métropoles sont vraiment compatibles avec la transition ? Actuellement,
elles sont plutôt marquées par un déficit démocratique et aboutissent à une
domination des territoires ruraux et des quartiers populaires…
Si nous luttons contre la ville néolibérale, nous
pensons qu’il est également essentiel de construire des alternatives à partir
de nos pratiques quotidiennes. Pour lutter contre les expulsions, nous
revendiquons le Droit au logement. Pour lutter contre la ségrégation urbaine nous
réclamons le Droit à la ville. Face aux privatisations et à l’austérité, nous
voulons défendre nos communs ! Face aux projets urbains imposés, nous proposons
des projets alternatifs pour améliorer nos écoles, nos logements, nos équipements
sociaux et culturels, nos parcs, nos espaces publics ! A travers des campagnes
d’interpellations citoyennes, nous cherchons à développer le pouvoir d’agir des
habitant.e.s des quartiers populaires qui subissent fortement les crises pour
imaginer ensemble la transition sociale, économique, écologique et démocratique
!
Bien-sur la Villeneuve n’est pas le seul quartier
en France et dans le monde à devoir faire face à ces problématiques, loin de là
! C’est justement un lieu emblématique des luttes urbaines en France. C’est
pourquoi, nous lançons un appel à nous rejoindre pour organiser une semaine de
la Transition à la Villeneuve de Grenoble, en mars 2017. Cette initiative s’inscrit
en marge de la Biennale des villes en transition et revendique une démarche
alternative et populaire. Nous participerons également aux rencontres du
“Droit à la Ville” organisées en marge du festival de Géopolitique
sur « le pouvoir des Villes » qui se tiendra sur la même période.
Concrètement, nous envisageons diverses activités
(ateliers, débats, rencontres, actions dans l’espace public, exposition
photos…) pour discuter des résistances à la ville néolibérale et des alternatives.
A quelques semaines des élections présidentielles et législatives, nous souhaitons
également donner de la visibilité aux campagnes nationales de la Coordination Pas
Sans Nous, du réseau APPUII et du Droit au Logement. Nous voulons discuter des alliances
entre les villes à l’échelle européenne avec la Coalition européenne pour le
droit au logement, des plateformes municipalistes espagnoles et European
Alternatives. Enfin, nous serons amené.e.s à discuter de la mise en place du
“Nouvel Agenda Urbain” avec la Plateforme Globale pour le Droit à la
ville.
Pour faciliter la venue du plus grand nombres de
collectifs, le comité d’organisation de cette semaine de la Transition à la
Villeneuve s’engage à :
-Mettre à disposition des points d’informations
dans le quartier et dans la ville afin de communiquer autour de l’événement.
-Faciliter des espaces au sein du quartier de la
Villeneuve ou des universités pour la mise en place d’ateliers, de rencontres
ou de débats.
-Organiser des temps de convergence au cours de la
semaine, afin de partager les initiatives et les propositions entre tou.te.s
les participant.e.s.
Pour l’heure, de nombreuses organisations ont déjà
répondu à l’appel et on attend plus que vous !
Si vous
avez une idée, un projet et que vous êtes intéressé.e.s pour organiser des
activités n’hésitez pas à nous contacter: asso.planning@gresille.org