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La Conférence mondiale anti-apartheid sur la Palestine s’est tenue à Sandton, Johannesburg, Afrique du Sud, du 10 au 12 mai 2024. La conférence visait à “jeter les bases de la mobilisation d’un mouvement mondial contre l’apartheid afin de tenir Israël pour responsable de ses crimes contre le peuple palestinien et d’œuvrer au démantèlement de l’apartheid israélien du Jourdain à la mer Méditerranée. Cela permettra d’intensifier la mobilisation, l’organisation et la coordination de l’action mondiale contre l’apartheid israélien”.
Le texte suivant est le document final de la conférence mondiale contre l’apartheid qui s’est tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud, les 11 et 12 mai 2024.
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Nous, délégués de plus de deux douzaines de pays du monde entier, exprimant les points de vue de millions de personnes de tous horizons, de toutes confessions ou non, de diverses opinions politiques et idéologiques, réunis à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 10 au 12 mai 2024, sommes indignés par un siècle de colonialisme, 75 ans de Nakba, 75 ans de génocide, de colonialisme et d’apartheid israéliens, plus de 75 ans de vol de terres, 75 ans de répression et de déni des droits et des libertés fondamentaux. Les Palestiniens de Cisjordanie (y compris Jérusalem), de Gaza, des zones de 1948, des camps de réfugiés et de la diaspora souffrent depuis des décennies de l’appareil militaire sioniste.
Nous avons assisté à sept mois de génocide continu. Le monde a vu Israël bombarder brutalement Gaza depuis la terre, la mer et l’air, la transformant en un camp d’extermination. Israël a détruit les conditions de vie de la population de Gaza, notamment les soins médicaux, la nutrition, l’éducation et les infrastructures. Israël utilise la violence sexuelle, la famine, la privation d’eau, de médicaments et d’assistance médicale comme armes de guerre contre 2,3 millions de civils à Gaza, en violation du droit international et de tout sens de l’éthique et de la morale. L’ampleur du carnage à Gaza continue d’être révélée au fur et à mesure que des charniers sont découverts. Israël assassine délibérément des enfants et des femmes ; des femmes qui créent, maintiennent et défendent la vie. Nous nous opposons au génocide reproductif d’Israël. Israël détruit l’environnement et les infrastructures de Gaza pour la rendre inhabitable.
Les puissants alliés occidentaux d’Israël, principalement les États-Unis d’Amérique et certains États européens, continuent de permettre ce génocide contre le peuple palestinien en lui fournissant les armes les plus sophistiquées. Ils protègent également Israël sur le plan diplomatique et politique, notamment en utilisant le droit de veto du Conseil de sécurité des Nations unies et en refusant de sanctionner l’État d’apartheid en dépit de ses violations flagrantes du droit international.
Les élites politiques et économiques occidentales profitent du sang et de la vie des Palestiniens dans une forme de capitalisme de guerre indéfendable. La guerre menée depuis des décennies par Israël et ses complices génocidaires n’est pas seulement dirigée contre le peuple palestinien, mais contre l’humanité tout entière.
Mais les Palestiniens et les peuples du monde ne sont pas restés silencieux.
Les Palestiniens ont été entendus dans le monde entier, sous les décombres, dans les tentes de réfugiés à Gaza, dans les échos de la résistance dans toute la Palestine occupée. Leur douleur est devenue notre douleur à tous ; leur colère, notre colère ; leur fermeté, notre fermeté ; leur lutte, notre lutte.
Les voix des personnes éprises de justice à travers le monde ont été entendues dans nos rues, dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les campements d’étudiants, dans les lieux de culte, dans les tribunaux, sur les lieux de travail et dans les écoles.
Ces voix ont été amplifiées dans les institutions multilatérales, dans les tribunaux internationaux, par celles de nos dirigeants politiques et de nos gouvernements conscients. Les efforts incessants du gouvernement sud-africain à la Cour internationale de justice sont remarquables à cet égard. Ces efforts doivent inclure la poursuite de tous les criminels de guerre israéliens. Nous nous mobiliserons sans relâche pour faire pression sur les gouvernements afin qu’ils sanctionnent Israël. Toutes ces voix, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, s’opposent fermement au projet sioniste de colonisation, de racisme, d’apartheid et de génocide. Nous nous inspirons de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui “s’engage à éliminer le colonialisme, le néocolonialisme, l’apartheid, le sionisme et à démanteler toutes les formes de discrimination”. Le sionisme est un racisme !
Nous amplifions encore les voix de la colère et de la résistance à la violence et à l’injustice d’Israël, ainsi qu’aux machinations impérialistes contre les Palestiniens et d’autres peuples dans le monde.
Inspirés par le mouvement mondial anti-apartheid qui a contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud et en Namibie, et dont beaucoup d’entre nous ont fait partie, nous nous élevons maintenant, dans la continuité de ce mouvement, pour faire face au colonialisme et à l’apartheid d’Israël et de ceux qui le soutiennent, pour veiller à ce qu’Israël et les complices de son génocide soient tenus pour responsables, pour soutenir la lutte pour la libération du peuple palestinien, pour la restauration de ses droits à la liberté, à la dignité, à l’autodétermination, au retour, à la résistance, tels qu’ils sont garantis par le droit international.
Nous nous levons aujourd’hui dans le cadre du Mouvement mondial contre l’apartheid pour la Palestine, en solidarité avec les Palestiniens de toutes confessions, origines et idéologies, qui luttent contre l’occupation, le colonialisme, l’apartheid et le génocide en Palestine et dans le monde. Leur héroïsme, leur force et leur sumud (constance) nous inspirent à atteindre de plus hauts sommets et à agir de toute urgence.
Nous nous levons avec la détermination d’obtenir un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent pour mettre fin au génocide israélien, le retrait des forces israéliennes, l’arrêt du terrorisme des colons et des militaires en Cisjordanie et la levée du siège de Gaza. Les Palestiniens ont droit à la reconstruction de tout ce qu’Israël a détruit, à des compensations et à des réparations. Nous n’aurons de cesse de mettre fin à la Nakba en cours et de libérer la Palestine. Nous utiliserons toutes les stratégies et tactiques pour atteindre notre objectif, y compris l’isolement total de l’État d’apartheid israélien – comme l’a fait le mouvement anti-apartheid contre l’État d’apartheid sud-africain – en utilisant des campagnes de boycott, de désinvestissement et de sanctions, ainsi que d’autres stratégies prévues dans notre plan d’action.
Nous demandons la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, détenus et otages palestiniens, et exigeons la fin des arrestations arbitraires, de la détention administrative, des enlèvements et de la torture des prisonniers.
Nous saluons les gouvernements qui ont montré leur engagement à faire face aux injustices israéliennes, à s’opposer au colonialisme et à l’apartheid et à agir conformément à leurs obligations morales et juridiques en tant que membres de la communauté internationale. Nous condamnons les gouvernements qui ont permis le projet sioniste ou en ont été complices et qui, de Balfour à Biden, restent complices alors même qu’Israël perpètre un génocide et viole le droit international en toute impunité. L’assaut d’Israël porte sur les valeurs humaines de vérité, de droits, de justice, d’égalité et d’équité ; il enracine le racisme et la répression violente, et menace l’humanité d’une dévastation nucléaire.
Soutenir le peuple palestinien, c’est soutenir l’humanité, la justice et l’égalité ; c’est s’opposer à toutes les formes de racisme : le racisme anti-palestinien, le racisme anti-noir, l’antisémitisme et l’islamophobie. Notre plan d’action prévoit le déploiement et la croissance d’un mouvement mondial contre l’apartheid. Nous sommes déterminés à travailler d’urgence jusqu’à la libération complète du peuple palestinien.
Lors de cette première conférence mondiale contre l’apartheid pour la Palestine, nous avons lancé un processus visant à tirer parti de la mobilisation générale qui s’est manifestée dans le monde entier au fil des décennies, afin d’intensifier la solidarité palestinienne et de renforcer le mouvement contre l’apartheid, notamment lors de la conférence mondiale contre le racisme qui s’est tenue à Durban en 2001 et de l’appel lancé en 2005 par la société civile palestinienne en faveur du boycott, du désinvestissement et des sanctions à l’encontre d’Israël. Nous appelons tous les mouvements de solidarité à travers le monde à se joindre à cet effort de construction d’un mouvement mondial contre l’apartheid, qui se tiendra aux côtés de tous les peuples opprimés et exploités.
Nous nous engageons à isoler l’Israël de l’apartheid en intensifiant les boycotts des consommateurs, des universités, des sports, des arts et de la culture et en intensifiant la campagne en faveur de sanctions économiques et financières. Nous donnerons la priorité au blocage des routes maritimes, à la campagne en faveur d’un embargo sur les armes à destination d’Israël, au ciblage de ceux qui soutiennent, financent, fournissent des armes aux forces d’occupation israéliennes et les rejoignent, ainsi qu’à l’expulsion d’Israël des instances sportives, culturelles et universitaires internationales.
Tout comme le mouvement mondial anti-apartheid n’a fait aucune concession à l’État sud-africain de l’apartheid avant le démantèlement complet du système d’apartheid, nous refusons également de faire des concessions avant le démantèlement total du projet colonial israélien. C’est ce à quoi nous nous engageons et nous ne nous arrêterons pas tant que notre objectif n’aura pas été atteint.
La Palestine sera libre, du fleuve à la mer !
Amandla !
Awethu !
Le pouvoir au peuple !
