Des manifestants le 23 juin 2013 à
Copacabana, à Rio de Janeiro (Photo Christophe Simon. AFP)
Le mouvement de protestation brésilien pour
des meilleurs services publics et contre la corruption a perdu en intensité
dimanche mais promet de revenir en force alors que circulent sur les réseaux
sociaux des appels à paralyser le pays le 1er juillet.
La journée a été marquée par des marches
pacifiques aux allures de promenade dominicale en famille, au terme d’une
semaine historique de manifestations massives qui ont souvent dégénéré en
violences.
A Rio de Janeiro, 4.000 personnes, selon la
police, ont manifesté sur la célèbre plage de Copacabana pour dénoncer un
projet de réforme constitutionnelle prévoyant de retirer le pouvoir d’enquêter
aux parquets, qui contribuerait selon eux à favoriser l’impunité des corrompus.
La présidente «Dilma doit faire beaucoup
plus contre la corruption. Elle est le symbole de ce système», a dit à l’AFP
Anderson Luis Rosa Raposo, un professeur d’Anglais de 31 ans qui manifestait à
Rio.
«Oh, , Oh, nous voulons plus d’argent, pour
la santé et l’éducation!», scandaient les manifestants, dont le mouvement est
soutenu par 75% des Brésiliens, selon un sondage publié samedi.
A Fortaleza, 500 personnes ont protesté en
marge du match Espagne-Nigeria (3-0) comptant pour la Coupe des Confédérations,
répétition miniature du Mondial-2014 de football au Brésil.
Les protestataires brésiliens expriment
souvent leur indignation face aux sommes colossales – 11 milliards d’euros-
dépensées pour l’organisation du Mondial, alors que les services publics des
transports, de la santé ou de l’éducation laissent tant à désirer.
«Le Brésil va s’arrêter»
Mais dans leur ensemble, 67% des Brésiliens
dont d’accord, totalement ou en partie, pour accueillir la fête mondiale du
football qu’ils sont la seule nation à avoir remporté cinq fois, selon le
sondage de l’institut Biotope.
Le secrétaire général de la Pifa, Jérôme
Valcke, a jugé «stupide» de penser que son organisation contrôlait le Brésil
comme le disent les manifestants, dans un interview au journal Globo.
«Nous ne sommes pas responsables de tout ce
qui se passe dans le pays; nous ne disons pas au Brésil ce qu’il doit faire»,
a-t-il souligné.
Dimanche des centaines d’enfants ont peint
des affiches où ils demandaient un «avenir meilleur», les uns devant le fameux
Pain de sucre de Rio de Janeiro, les autres sur les pelouses du parlement de
Brasilia.
Après cette pause dominicale, les
protestataires promettent de revenir en force cette semaine.
Le mouvement «pase livre» (ticket gratuit,
ndlr), à l’origine de la fronde qui secoue le géant émergent d’Amérique latine,
annonce sur son site de «grandes actions» ces prochains jours dans la
périphérie de Sao Paulo, la capitale économique du pays.
Un manifestation s’organise lundi
après-midi dans le centre de Rio.
«Le 01/07/2013 le Brésil va s’arrêter»,
déclarent des messages diffusés sur Facebook et Twitter, appelant à une grève
générale au lendemain de la finale de la Coupes de Confédérations à Rio.
Celle-ci opposera les vainqueurs de
demi-finales Espagne-Italie et Brésil-Uruguay qui se disputeront mercredi et
jeudi à Belo Horizonte et Fortaleza.
Les modestes amateurs de Tahiti, chouchous
du public brésilien, ont quitté le tournoi dimanche après une ultime raclée,
face à l’Uruguay (8-0). A la fin du match, les Tahitiens, visiblement émus, ont
déroulé une banderole blanche portant l’inscription «Obrigado Brasil» (Merci
Brésil, ndlr) sous un tonnerre d’applaudissements.
Les analystes politiques brésiliens sont
partagés l’avenir du mouvement de protestation animé sur les réseaux sociaux
par des jeunes de la classe moyenne qui se défient des partis politiques, des
syndicats et des médias traditionnels.
«Cette opposition apolitique va finir par
se canaliser dans un parti» pour la présidentielle de 2014, a estimé l’analyste
Murilo Aragao lors d’un débat sur la chaine Globo News.
«Le mouvement va se poursuivre et sa durée
va dépendre de comment va répondre la classe politique», a déclaré le
professeur de philosophie de l’université de Rio, Luis Felipe Pondé.
La présidente Dilma Rousseff a tendu la
main aux manifestants samedi soir lors d’un discours radio-télévisé conciliant.
Mais ses promesses de forger un pacte
national pour améliorer les services publics et lutter contre la corruption ont
été accueillies avec scepticisme par les protestataires
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