Déclaration de HIC-HLRN : Les États doivent agir pour la paix en Palestine, avec justice et sans sionisme
Cette déclaration met à jour et révise la déclaration de HIC du 23 octobre 2023.
Dans le cadre de l’escalade de la violence la plus récente dans la persécution du peuple palestinien autochtone par le sionisme depuis un siècle, le mouvement de résistance islamiste palestinien (Hamas) et ses brigades militantes `Izz ad-Din al-Qassam ont lancé une opération armée sans précédent (déluge d’al-Aqsa) contre Israël au début du 7 octobre 2023. Les forces de la résistance palestinienne ont tiré plus de 5 000 roquettes sur 22 cibles en dehors de la bande de Gaza, y compris des bases militaires israéliennes et des colonies israéliennes illégales le long de la frontière de Gaza, notamment Ashkelon, Zikim, Sderot, Kfar Aza, Nahal Oz, Kerem Shalom et Ofakim.
Quelque 2 000 militants palestiniens ont franchi la barrière de séparation entre Gaza et Israël à l’aide de bulldozers, de véhicules de transport et de motos, tuant plus de 1 400 non-combattants et soldats israéliens et en blessant quelque 2 800. Les militants palestiniens ont également tué au moins 260 personnes lors d’un festival de musique au kibboutz Re’im, après que des combattants soient arrivés dans des camions et sur des motos, portant des gilets pare-balles et brandissant des fusils d’assaut AK-47 et des grenades propulsées par fusée.
Réponses infructueuses et sans discernement
L’opération a pris par surprise les forces militaires et de sécurité israéliennes les plus réputées. Elle a marqué l’échec le plus important à ce jour de l’exercice par Israël de la “légitime défense”, revendiquée comme un droit en dépit de la nature prédatrice d’Israël depuis le début des colonies sionistes. L’opération palestinienne a échappé au système anti-missile “dôme de fer” tant vanté par Israël, ainsi qu’à son appareil de sécurité et de renseignement, ce qui a mis le gouvernement israélien de M. Netanyahu dans l’embarras, tant sur le plan intérieur que sur le plan international. Immédiatement après les attaques, Israël n’a cessé de riposter en tuant quelque 1 500 combattants palestiniens et en lançant des attaques aériennes et terrestres aveugles contre des civils, des résidences et des infrastructures dans toute la bande de Gaza, tout en affirmant tardivement son droit à l’autodéfense.
Pendant ce temps, la communauté internationale des États a ignoré les appels à un cessez-le-feu ou à une pause et à s’attaquer aux causes profondes de la violence. Quatre projets de résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu se sont heurtés au veto des États-Unis (rejoints une fois par le Royaume-Uni). L’Assemblée générale des NationsUnies a ensuite adopté une résolution (avec 121 voix pour, 14 contre et 44 abstentions) appelant au même cessez-le-feu le 27 octobre, après quoi Israël a rapidement lancé ses attaques les plus virulentes à ce jour contre les 2,3 millions de Palestiniens retenus en otage dans la bande de Gaza sous le blocus israélien qui dure depuis 16 ans.
Les otages
Les attaques palestiniennes ont entraîné la destruction de cibles et d’équipements militaires israéliens, et le Hamas continue de retenir en otage quelque 230-38 militaires et civils israéliens à l’intérieur de Gaza, où Israël a déjà séquestré les plus de deux millions d’habitants palestiniens actuels depuis des décennies.
Israël a maintenu ces otages palestiniens de longue date après les avoir expulsés de leurs foyers dans 247 villages des 50 % sud de la Palestine en 1947-48, à la suite d’une douzaine de massacres sionistes commis par les forces israéliennes, composées de 120 000 soldats répartis en neuf brigades. Ces forces ont transféré de force ces otages actuels, les poussant dans un petit endroit appelé aujourd’hui bande de Gaza, qui représente 1,3 % de la Palestine, et les y ont séquestrés depuis 1947.
Résistance, représailles, rétribution et génocide
Les attaques du 7 octobre visaient principalement des sites d’activités militaires israéliennes actuelles et historiques, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité (voir le tableau en annexe ci-dessous). Qu’elles soient qualifiées d’actes de résistance ou de représailles, les opérations du Hamas/`Izz al-Din al-Qassam ont visé des Israéliens dans des lieux clés situés à proximité. Le tableau ci-dessous les identifie par le nom actuel de la colonie israélienne correspondante, leur habitat palestinien d’origine et leur sort sous le régime colonial israélien.
En représailles directes à la récente opération du 7 octobre, les forces d’occupation israéliennes continuent depuis près d’un mois à pilonner la bande de Gaza depuis l’air, la terre et la mer, ainsi que par des opérations terrestres. À la date de la session d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies du 30 octobre 2023, les bombardements israéliens aveugles sur Gaza ont tué plus de 8 300 Palestiniens, dont 3 400 enfants. Israël tue actuellement 430 enfants palestiniens par jour. Plus de 21 000 personnes sont blessées.
Pendant ce temps, des centaines de Palestiniens sont toujours portés disparus et piégés sous les décombres, sans que l’on sache ce qu’il est advenu d’eux. L’assaut d’Israël a contraint plus de 1,4 million de Palestiniens, soit plus de la moitié de la population de la bande de Gaza, à se déplacer à l’intérieur du pays. Les bombardements israéliens ont tué 64 employés de l’UNRWA et collègues de l’ONU jusqu’à présent, ainsi que des dizaines de journalistes et les familles ciblées de journalistes. La violence des colons et des militaires israéliens en Cisjordanie a déplacé des centaines de Palestiniens et causé des dommages incalculables aux biens et aux institutions palestiniens.
Cibler les foyers, les refuges et les demandeurs d’asile
Le ciblage généralisé et systématique des structures et des propriétés civiles a entraîné la destruction d’au moins 16 644 unités d’habitation et en a gravement endommagé 11 340 à Gaza, les rendant inhabitables. Les attaques israéliennes ont également détruit ou gravement endommagé des installations d’eau et d’assainissement et d’autres infrastructures civiles, dont 24 hôpitaux et autres établissements de santé. Plus de 640 000 habitants de Gaza sont entassés dans des abris dangereux, insalubres et surpeuplés. Le 25 octobre 2023, les forces israéliennes avaient déjà détruit au moins 45 % des logements résidentiels dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
En ce qui concerne le droit de l’homme à un logement adéquat en cas de conflit, les tactiques d’Israël constituent un transfert de population, un crime de guerre et un crime contre l’humanité, en accord avec la pratique civile et militaire d’Israël visant les maisons, les abris et les demandeurs d’abris palestiniens (Golan, Syrie et Sud-Liban). Par cette forme particulièrement meurtrière de transfert de population dans la doctrine militaire israélienne, l’armée et l’armée de l’air israéliennes obligent les civils à fuir par colonnes vers des lieux concentrés, puis les attaquent là pour maximiser les pertes. Les opérations militaires israéliennes forcent les civils à quitter leurs maisons souvent démolies, tout en les ciblant avec des tactiques et des armes déjà interdites par les normes morales et humanitaires universelles, ainsi que par les normes juridiques correspondantes.
Le HIC et son réseau pour le droit au logement et à la terre (HLRN) ont à maintes reprises dénoncé et mis en garde contre cette longue chaîne ininterrompue d’atrocités israéliennes à l’encontre du peuple palestinien autochtone, y compris les diverses formes de punition collective qu’il a été contraint d’endurer pendant plus de 75 ans de colonisation sioniste, 55 ans d’occupation militaire de la Cisjordanie, y compris Jérusalem, et de la bande de Gaza, ainsi que le blocus global de la bande de Gaza, qui dure depuis 16 ans. La crise humanitaire qui en résulte, déjà grave par le passé, est aujourd’hui catastrophique.
Demands
Comme l’a fait remarquer le Secrétaire général des Nations unies, l’opération du Hamas du 7 octobre “ne s’est pas déroulée dans le vide”. Au fil des ans, nous avons à maintes reprises attiré l’attention sur les crimes graves commis par Israël “en tant que doctrine militaire“, et sur son déni et sa destruction continus de l’habitat des Palestiniens : terres, logements et moyens de subsistance, ainsi que sur l’incapacité de la plupart des États occidentaux et de la communauté internationale à prendre des mesures efficaces en matière de protection des civils, de recours et de réparation.
Nous avons également signalé à plusieurs reprises la discrimination matérielle institutionnalisée, la dépossession et la persécution du peuple palestinien autochtone par des mesures qui constituent des crimes graves de transfert de population et d‘apartheid, et nous avons lancé des avertissements à ce sujet. L’objectif permanent de la colonisation sioniste a été l’élimination du peuple palestinien autochtone et l’acquisition de ses terres et autres ressources par tous les moyens. Comme toujours, la dépossession de la terre signifie la négation du droit inaliénable des peuples autochtones à l’autodétermination et aux moyens de subsistance.
Nous continuons à rappeler à tous les États qu’ils ont le devoir préalable et permanent, en vertu des normes impératives du droit international, de respecter le droit des Palestiniens à l’autodétermination, tandis que ces mêmes États ont des obligations individuelles, collectives, nationales et extraterritoriales correspondantes de mettre en œuvre des mesures efficaces pour mettre un terme à cette situation illégale prolongée.
La vague actuelle de la campagne meurtrière disproportionnée d’Israël survient un an après que le rapporteur spécial des Nations unies sur le logement convenable a lancé son appel, exhortant les États et l’Assemblée générale des Nations unies à reconnaître le “domicide” (la destruction massive et arbitraire de logements civils) en vertu du droit international comme un crime contre l’humanité et un crime de guerre, dans les cas de conflit violent.
La Coalition internationale de l’habitat (HIC) condamne le colonialisme où qu’il soit, et en particulier le siècle de colonisation de la Palestine par des colons juifs auto-identifiés. Leur idéologie sioniste est une abomination pour les principes religieux les plus élevés, y compris ceux du judaïsme. La violence prolongée d’Israël à l’encontre du peuple palestinien autochtone s’inscrit dans la série des nettoyages ethniques israéliens, cette fois-ci de quelque 1,1 million de Palestiniens dans la bande de Gaza. Elle ne fait que perpétuer un cycle de violence qui menace la paix et la sécurité régionales et mondiales.
La communauté internationale, l’ONU, ses organes et ses commissions doivent s’attaquer aux causes profondes du conflit et au cycle de violence qui en découle en Palestine. Il s’agit notamment de l’idéologie coloniale, raciste et d’apartheid inhérente au sionisme, imposée par les institutions et le droit d’Israël. Cette enquête et cette révision politique doivent également reconnaître les malversations des organes et des actions des Nations unies au fil du temps, y compris le partage de la Palestine, qui a violé les principes sacro-saints du droit international antérieurs à la Charte des Nations unies et consacrés par celle-ci à l’époque. Les exigences de la justice et de la paix qui en découle requièrent également le recours et la réparation intégrale des préjudices subis par le peuple palestinien à la suite des actions individuelles, conjointes et collectives des États.
Le HIC et le HIC-HLRN réitèrent cet appel, exhortant tous les États, en particulier les puissances coloniales que sont les États-Unis, le Royaume-Uni, les États de l’UE et l’Australie, à cesser leur soutien matériel et leur couverture politique hypocrite d’Israël. Le respect des normes internationales de paix et de sécurité exige de s’abstenir de transférer à Israël des armes utilisées pour commettre ou faciliter des violations flagrantes du droit international des droits de l’homme et/ou des violations graves du droit international humanitaire qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité lors de l’assaut génocidaire d’Israël contre Gaza, sans faire de distinction entre civils et combattants.
Nous leur rappelons également l’obligation qu’ont les États de ne pas reconnaître, coopérer ou traiter avec la situation illégale de l’occupation israélienne et le déni de l’autodétermination palestinienne.
Nous demandons qu’il soit mis fin à la situation actuelle, y compris la prise d’otages et le maintien du peuple palestinien dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Nous demandons qu’il soit mis fin aux mécanismes israéliens de persécution du peuple palestinien, tels que le déni de la liberté de circulation, les routes de l’apartheid, l’expansion illégale des colonies et le châtiment collectif des résidents palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza par la destruction des maisons et des infrastructures civiles, le ciblage systématique et institutionnalisé et les expulsions forcées, y compris le crime grave de transfert de population, et la confiscation de leurs biens, le tout exercé de manière collective.
HIC et HIC-HLRN appellent les membres des Nations Unies, ses commissions et institutions, et la communauté internationale dans son ensemble à assumer d’urgence leur responsabilité de s’attaquer aux causes profondes du conflit et de mettre fin à l’action militaire israélienne en cours et à la violence brutale des colons juifs contre les femmes, les hommes et les enfants palestiniens à travers le territoire palestinien occupé et la Palestine historique dans son ensemble.
30 octobre 2023
Annexe : Cibles “civiles” du Hamas le 7 octobre 2023 (disponible en anglais)
Photo : Frappe aérienne israélienne sur un bâtiment dans le quartier de Rimal, au centre de la ville de Gaza, le dimanche 29 octobre 2023. L’armée israélienne a déclaré que les bombardements avaient visé un réseau souterrain de tunnels du Hamas situé à proximité. Source : Bashar Taleb/AFP : Bashar Taleb/AFP via Getty.